Depuis plus de deux ans, des chercheurs japonais et français se réunissent pour explorer le phénomène du retrait chez les jeunes de ces deux pays.
Le retrait des jeunes, dit « hikikomori » au Japon est un phénomène grandissant qui consiste pour des adolescents et des jeunes adultes à se retirer, le plus souvent dans leur chambre, pendant une durée allant de plusieurs mois à plusieurs années. Ils s’extraient ainsi de toutes les relations sociales attendues (études, emploi ou recherche d’emploi, amis), alors qu’aucune pathologie psychiatrique avérée n’explique ce retrait.
En France, il n’existe pas de terminologie spécifique pour appréhender et qualifier ce phénomène, alors qu’au Japon il est clairement repéré, largement étudié et fait l’objet de politiques ciblées de prévention et de prise en charge.
Retrait, réclusion, renoncement, évitement, refus : ces jeunes semblent renvoyer à toute injonction ou attente sociale à leur endroit, un déroutant « je préfèrerais ne pas ». Ni véritablement contestataires, ni marginaux, ni malades, les jeunes retirants évitent d'assumer les rôles attendus d’eux, suspendent le temps, se désynchronisent et mobilisent un espace-temps singulier, laissant perplexe leurs proches autant que les acteurs des mondes de l'éducation, ou de l’intervention médico-psychologique.
Qu’est-ce qu’un tel phénomène dit de nos sociétés contemporaines, des chemins sinueux vers l’âge adulte, des injonctions et idéaux de performance et d’autonomie, des espaces scolaires et familiaux, des formes de lien et de communication et des troubles qu’ils peuvent induire ?
Telles sont les questions qui seront abordées lors de ce colloque réunissant des sociologues, anthropologues, psychiatres et psychologue français et japonais.